BIENVENUE DANS MON BOCAL

BIENVENUE DANS MON BOCAL

* Jim Sinclair

 

 

 

 

 

 

Je ne suis pas une “personne avec autisme.” Je suis une personne autiste. Pourquoi cette distinction compte-t-elle pour moi ?

 

 

  • Dire “personne avec autisme” suggère que l’autisme peut être séparé de la personne. Mais ce n’est pas le cas. Je peux être séparé de choses qui ne font pas partie de moi, et je reste la même personne. Je suis de temps en temps une “personne avec une chemise violette,” mais je pourrais aussi être une “personne avec une chemise bleue” un jour, et une “personne avec une chemise jaune” le jour suivant, et je resterai toujours la même personne, parce que mes vêtements ne font pas partie de moi. Mais l’autisme fait partie de moi. L’autisme est fortement impliqué dans la façon dont mon cerveau fonctionne. Je suis autiste parce que je ne peux pas être séparé de la façon dont mon cerveau fonctionne.

 

  • Dire “personne avec autisme” suggère que même si l’autisme fait partie de la personne, ça n’en est pas une partie vraiment importante. Les caractéristiques qui sont reconnues comme ayant une place centrale dans l’identité d’une personne sont de façon appropriée utilisés comme adjectifs, et peuvent même être utilisés comme noms pour décrire les gens : on parle d’individus “masculins” ou “féminins”, et même d’“hommes” et “femmes” et de “garçons” et “filles,” pas de “personnes avec masculinité” et “personnes avec féminité.” On décrit l’appartenance culturelle ou religieuse des gens en des termes tels que “Russe” ou “Catholique,” pas en tant que “personne avec Russianité” ou “personne avec Catholicisme.” Nous décrivons d’importants aspects du rôle social des gens en termes tels que “parent” ou “travailleur,” et pas comme “personne avec descendance” ou “personne qui a un travail.” Nous décrivons des aspects important de la personnalité des gens en termes tels que “généreux” ou “extraverti,” et pas en tant que “personne avec générosité” ou “personne avec extraversion.” Or l’autisme va bien plus profond que la culture et les systèmes de croyances appris. il affecte notre relation aux autres et comment nous trouvons notre place dans la société. Il affecte même notre rapport à notre propre corps. Si je n’avais pas un cerveau autiste, la personne que je suis n’existerait pas. Je suis autiste parce que l’autisme est une composante essentielle de moi en tant que personne.

 

 

  • Dire “personne avec autisme” suggère que l’autisme est quelque-chose de mauvais — si mauvais que ce n’est même pas compatible avec le fait d’être une personne. Personne n’a d’objection au fait d’utiliser des adjectifs pour se référer à des caractéristiques d’une personne qui sont considérées comme positives ou neutres. On parle de personnes gauchères, pas de “personnes avec usage de la main gauche,” et de personnes athlétiques ou musiciennes, pas de “personnes avec athlétisme” ou “personnes avec musicalité.” On pourrait appeler quelqu’un une “personne blonde” ou une “personne avec des cheveux blonds,” et personne n’objecterait quoi que ce soit à aucune des deux descriptions. C’est seulement quand quelqu’un a décidé que la caractéristique à laquelle on fait référence est négative que soudain les gens veulent la séparer de la personne. Je sais que l’autisme n’est pas une chose horrible, et que ça ne me fait pas du tout être moins qu’une personne. Si d’autres personnes ont de la peine à se rappeler que l’autisme ne fait en aucun cas de moi quelque-chose de moins qu’une personne, alors c’est leur problème, pas le mien. Laissez-leur trouver un moyen de se rappeler eux-mêmes que je suis une personne, sans essayer de définir une composante essentielle de mon être comme quelque-chose de mauvais. Je suis autiste parce que je m’accepte et m’estime tel que je suis.

 

 

 

 

 

 

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05/04/2017
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