BIENVENUE DANS MON BOCAL

BIENVENUE DANS MON BOCAL

* Récit d'un diagnostic 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toute ma vie j'ai cherché à comprendre ce sentiment d'étrangeté que j'avais au contact de mes congénères et cette sensation plus ou moins intense de vivre dans un bocal. Je devais avoir 21/22 ans quand j'ai consulté mon premier psy...  Un psychiatre... Impossible de lui parler... J'ai arrêté très vite !  Et puis il y en a eu plein d'autres en suivant, aux orientations diverses et variées : gestalt, art thérapie, sophrologie, kinésiologie, morphoanalyse, psychanalyse, bêtises en tout genre... Je pourrais écrire le Gault et Millau des psys !

 

Et puis il y a eu ma rencontre avec Laurence et son regard sur mon étrangeté, ses hypothèses distillées avec patience qui se heurtaient systématiquement à mes objections chaque jour renouvelées... J'ai mis plusieurs années à accepter l'éventualité que je puisse faire partie de la tribu des zèbres. En 2009, après des mois de doute et d’hésitation, j'ai passé un bilan psychométrique qui a confirmé un profil de haut potentiel. Je n'ai pas su trop quoi faire avec ce bilan. J'ai passé beaucoup de temps à lire et à écumer les sites internet sur le sujet et j'ai compris que mon cerveau avait un mode de fonctionnement particulier qui engendrait toutes sortes de difficultés dans lesquelles je me suis reconnue... en partie.... Il y avait des pièces du puzzle qui ne me correspondaient pas ou qui manquaient. J'ai mis toutes ces informations un peu en périphérie pendant plusieurs années encore, tout en continuant, inlassablement, à chercher la pièce manquante… Et puis encore grâce à Laurence, j'ai croisé Mr Asperger...

 

Obtenir un diagnostic de TSA ( Trouble du Spectre Autistique ) en France est un parcours du combattant terriblement éprouvant. C'est vraiment une des pires galères de ma vie en terme d'espoir, de désespoir, d'attente, d'impatience, de colère, de frustration, de découragement... C'est d'autant plus difficile à vivre quand on a le sentiment, que dis-je, l'intime conviction d'avoir enfin trouvé un endroit où poser les valises qu'on trimballe depuis 55 ans. Alors forcément, on a envie de savoir, d'avoir rapidement une réponse quant à toutes ces années d'errance et de souffrance. A 55 ans, on a pas la vie devant soi, le temps commence à se compter. Alors pouvoir enfin rassembler tous mes morceaux me semblait relever d'une profonde et légitime urgence ! Mais c'était sans compter l'effroyable machinerie d'un CRA (Centre Ressources Autisme) submergé et en pleine restructuration...

 

 

 

 

 


     

 

 

  

Après des mois de doute et de procrastination, je prends mon courage à deux mains pour appeler le secrétariat du CRA. J'explique à la secrétaire que je souhaite entreprendre un diagnostic pour un éventuel Syndrome d'Asperger (en 2012, l'appellation était encore valide). Elle me demande le nom du médecin par lequel je suis adressée à leur service. Je réponds qu'aucun médecin ne m'adresse, que j'ai 55 ans et que je suis assez grande pour m'adresser toute seule. Evidemment, elle n'est pas d'accord. Donc je continue d'argumenter en lui expliquant que je suis moi-même psy, que je pense que je suis capable de reconnaître les indicateurs en faveur d'un TSA et que je ne vais pas perdre mon temps à aller m'expliquer à un psychiatre ou à un médecin, lesquels n'ont, pour la plupart, aucune expérience de ce trouble. Je dis que je ne m'abaisserai pas à quémander un quelconque sésame pour pouvoir avoir un RDV parce que je suis très bien placée pour savoir à quel point le SA est à des années lumières de la plupart des psys et encore plus d'un médecin généraliste. Je dois être suffisamment convaincante car elle accepte finalement de m'envoyer un dossier d'inscription. Je renvoie mon dossier. Aucun accusé de réception. j'attends quelques semaines et je rappelle. Oui, ils l' ont bien reçu, il va être transmis au psychiatre du service adulte qui décidera d'un éventuel premier RDV. Je dois attendre, cela prendra plusieurs mois...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 an après mon premier appel

 

  

 

2012 se passe. Premiers mois d'attente.  Début 2013, je me rappelle à leur bon souvenir. La secrétaire m'informe que le CRA est en restructuration, qu'il y a beaucoup de retard dans les dossiers, surtout ceux des adultes... Je proteste, je dis que c'est un manque total de respect des patients de leur faire vivre des délais aussi longs, je suis en colère et je le fais savoir. Mais bon, je dois continuer à attendre, ils me rappelleront... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 an et demi après mon premier appel

 

 

 

Fin juin, l'appel tant attendu arrive. Je m'étais tellement imposée de ne plus y penser que je mets un moment à comprendre que j'ai la secrétaire du CRA au bout du fil. On me propose un RDV pour le 31 janvier 2014. Et à nouveau, six mois encore à attendre... 

 

 

 

 

 

La suite : récit d'un diagnostic 2



03/04/2017
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